mercredi 15 septembre 2010

christian

Christian est miné de besoin. Il est mou, inconsistant. C'est un parasite-né. Comme du chardon, il s'attache à tout ce qui le touche. Comme une plante, ses efforts sont tous de fixation; ses bras ne peuvent ni le défendre ni attaquer. Comme une plante, on peut l'arracher et le planter ailleurs. Il essaie de se fixer où il tombe, où on le fait tomber. Il ne peut pas marcher, aller se fixer où il serait mieux. Christian fleurit et s'étiole dans le jardin du plus fort. Je ne suis pas jalouse... J'attends que mes forces soient faites, d'être assez forte pour l'arracher aux autres jardiniers.

R. Ducharme. L'avalée des avalés. p. 95